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France de Riga : T1. Le Carnet

Le contexte historique

Les lois révolutionnaires contre les émigrés

dimanche 30 janvier 2005, par A.M.

Sur les routes encombrées, pressés de gagner la frontière, ils n’osent s’arrêter aux auberges de peur d’y être retenus prisonniers. Tout le monde est convaincu que l’absence sera brève et que dans trois ou six mois on sera revenu.

C’est le moment où l’on part comme on peut, les riches dans leurs carrosses, les moins fortunés par le coche, d’autres en charrette ou en fiacre, voir même à pied, un bâton à la main, quelques chemises de rechange nouées dans un mouchoir à l’épaule.
Dans ces véhicules surchargés de bagages s’entassent des familles éplorées.
Les mille accidents qui arrivent en chemin, les chevaux qui crèvent sous la fatigue, essieux brisés, roues embourbées, voitures versées, donnent à cette fuite générale l’aspect d’une déroute.

A la suite des nantis, les fournisseurs eux-mêmes se décideront à passer à l’étranger pour rejoindre leur clientèle qu’ils croient encore en possession de ses biens, toujours disposée à la dépense et qu’ils trouveront si misérable, si dépourvue de tout que des grandes dames et nobles seigneurs auront dû se résoudre à travailler pour vivre.

Les lois révolutionnaires se succèdent avec une implacable rigueur contre les émigrés :

- Elles confisquent leurs biens (22 décembre 1789),
- les condamnent à la peine de mort (9 novembre 1791),
- les atteignent s’ils reviennent en France (23 octobre 1792),
- les punissent également s’ils n’y sont pas rentrés (23 mars 1793).
- Ces lois n’épargnent ni les femmes, ni les enfants (15 août 1792)
- et s’exercent sur ceux-ci à partir de 10 ans (23 octobre 1792).
- Elles poursuivent les émigrés jusque dans leurs parents (7 décembre 1793),
- Brisent les liens de la famille en déclarant le mariage dissous de plein droit pour cause d’émigration (15 octobre 1794).

Le désir de s’emparer du bien d’autrui, la crainte d’avoir ensuite à le restituer, ont plus que tout autre motif entretenu contre les émigrés des haines violentes.
Mais à la minute où l’on émigre, personne n’appréhende ces misères alors impossible à prévoir. Les nobles suivis de la noria de gens qui dépendent d’eux économiquement ne soupçonnent pas une seconde que leur départ sonne définitivement le glas de leur vie passée.
C’est d’un cœur léger que couturières, modistes et marchandes de plaisir* se font "émigrettes", avec l’espoir de trouver à l’étranger la fortune qu’on ne peut plus réaliser en France. Quant à la durée de l’exil, tout le monde est convaincu que l’absence sera brève et que dans trois ou six mois on sera revenu.